Extrait

Extrait des pages 15-16-17.

Première Partie – Les lettres

Commencez par les lettres

Comment découvrir les lettres ?

Tout ce qui contribue au développement visuel de l’enfant prépare l’apprentissage de la lecture. Avant de proposer d’observer des lettres, on peut stimuler ses capacités de discrimination visuelle grâce à des activités ludiques : échanger chaleureusement sur ce qu’on voit en pointant du doigt ou en cherchant des yeux, ranger des feutres par couleur, scruter des détails dans les albums etc.
Pour apprendre les lettres, il est intéressant de privilégier :
• les lettres qui composent le prénom de votre enfant ;
• les voyelles ;
• le P et le M, de papa et maman ;
• les lettres qui composent d’autres mots familiers pour votre enfant.

Comment présenter les lettres ?

Quel type de lettres montrer ? Les premières lettres accessibles aux enfants sont les capitales d’imprimerie (ABCDE… Z), appelées aussi « lettres-bâtons », les plus jeunes peuvent les tracer assez facilement avec de simples traits.

Où les trouver ? Les lettres sont banales pour nous qui les côtoyons constamment, mais dans nos journaux et nos livres, trop petites, trop serrées, elles ne sont pas adaptées aux jeunes enfants. Pour que votre enfant puisse se familiariser avec les lettres, elles doivent être à sa portée. Cela implique qu’elles lui soient présentées sous une forme accessible et à travers différentes modalités :
• des lettres qu’il puisse observer (modalité visuelle) ;
• des lettres qu’il puisse manipuler (modalité kinesthésique) ;
• des lettres que vous nommez (votre voix comme appui pour la
modalité auditive).
Des supports : abécédaires en poster ou en livre, lettres magnétiques, puzzles en carton ou en bois, encastrements, jeux sur internet ou en applications2.
Avec un enfant de 2-4 ans. Lorsque votre enfant commence à jouer avec de petits objets, il apprécie de manipuler les lettres, parmi ses autres jouets. C’est le bon moment pour lui proposer des
encastrements : il apprend alors la forme des lettres par le toucher, excellent moyen de renforcer ce qu’il a appris par la simple observation. Invitez-le à suivre du doigt les contours des lettres et à remarquer les différences entre elles.
Avec un enfant de 3-5 ans : il s’amuse à reconstituer quelques mots avec les lettres mobiles (en mousse, en bois, en plastique) avec ou sans modèle. Soyez alors attentif à ce que votre enfant aligne ses lettres de gauche à droite ; s’il les range de la droite vers la gauche, faites-lui observer que le français s’écrit dans le sens inverse, mais qu’il aurait raison avec les écritures d’autres langues, comme l’arabe ou l’hébreu. De temps en temps (pas systématiquement), pensez à suivre du doigt les mots quand vous lui lisez une histoire.
Vous pouvez aussi fabriquer des lotos ou des memory (découper deux fois vingt-six carrés, écrire deux fois chaque lettre).
Cette découverte reste ludique, prenez garde à ne pas « saturer » votre enfant. À moins qu’il ne soit particulièrement demandeur, limitez-vous à un ou deux de vos supports familiers (un puzzle et/ou un poster par exemple) : contentez-vous de désigner occasionnellement une lettre ou de faire un jeu de temps en temps.

Utiliser les ressources de l’environnement

Vous pouvez aussi faire remarquer à votre enfant les lettres autour de lui ou attendre qu’il vous questionne à leur propos. Ainsi les plaques d’immatriculation, son prénom, le M du métro (ou à celui d’une célèbre enseigne de fast-food), le P de Parking, les WC… Les panneaux comme le STOP, les noms des villes, les noms des rues… Les noms et adresses sur le courrier, les tee-shirts imprimés, notamment avec le nom d’un héros enfantin, les claviers des ordinateurs.
Veillez toutefois à ce que repérer ces lettres présente un intérêt concret pour votre enfant : il cherche les toilettes, vous souhaitez vous garer… Votre enfant sera plus motivé s’il s’agit pour lui de
reconnaître des lettres qu’il a déjà vues, de réinvestir des connaissances dans de nouveaux contextes, que s’il s’agit de découvrir ainsi quelque chose de complètement nouveau.

Comment nommer les lettres ?

Il me semble préférable de désigner les lettres par leur nom, tel que le donne l’alphabet (le b se dit « bé », le k se dit « ka », le x se dit « iks »), et non par leur son, pour trois raisons : tout d’abord, le nom des lettres est conventionnel : c’est un langage commun dont votre enfant a besoin s’il veut communiquer à propos des lettres, ne serait-ce que pour épeler son prénom. Ensuite pour limiter les ambiguïtés notamment quand le code graphèmes-phonèmes n’est pas univoque : par exemple, la lettre c code aussi légitimement le phonème [s] (« cerise ») que le phonème [k] (« canard »), il est difficile de choisir. Inversement, le phonème [k] peut être transcrit par les lettres c, k, q, ou encore le graphème ch (« chorale ») : plusieurs lettres se retrouveraient ainsi nommées pareillement, ce qui gênerait leur différenciation. Enfin, dans de nombreux cas, les graphèmes complexes français – ceux composés de plusieurs lettres – « occultent » les phonèmes principaux de ces lettres : ainsi, le n du an de maman ne fait aucun son [n].